La rĂ©forme Blanquer a crĂ©Ă©, Ă  cĂ´tĂ© des traditionnelles options de langues anciennes, une spĂ©cialitĂ© LittĂ©rature et langues de l’AntiquitĂ©. En quoi consiste-t-elle? Faut-il choisir entre ces diffĂ©rentes façons d’aborder les langues mortes? Peut-on prendre la spĂ©cialitĂ© sans avoir Ă©tudier latin et/ou grec?

Sommaire

Complémentarité ou subsidiarité?

La spĂ©cialitĂ© LittĂ©rature et langues et cultures de l’AntiquitĂ© a, de fait, la particularitĂ© de fonctionner en complĂ©mentaritĂ© avec l’enseignement optionnel, que ce soit celui du latin, du grec, ou des deux langues (Enseignement Conjoint des Langues Anciennes, ou ECLA – lequel est rare).

L’enseignement facultatif fait suite à l’apprentissage des langues anciennes au collège. Il s’étale sur les trois années de lycée à raison de 3h hebdomadaires. La spécialité, quant à elle, comme toutes les spécialités, n’existe qu’en première (4h hebdomadaires) et terminale (6h).

Si elle ne nĂ©cessite pas absolument d’avoir Ă©tudiĂ© la langue latine ou le grec ancien en option jusqu’en seconde, elle est nĂ©anmoins essentiellement destinĂ©e Ă  des Ă©lèves dĂ©jĂ  latinistes ou hellĂ©nistes – voire les deux – puisque la lecture de textes bilingues et l’Ă©tude du latin et/ou du grec sont requises. Et si on n’a pas fait de langues anciennes au collège? Qu’on se rassure : une remise Ă  niveau est toujours possible !

S’agit-il pour autant du volet culturel d’un apprentissage optionnel essentiellement linguistique ? Non pas. Si l’étude de la langue est principalement assurée durant l’enseignement optionnel, certains points spécifiques de cette étude sont réservés à l’enseignement de spécialité.

Il s’agit de morphologie verbale et nominale, ou de règles de syntaxe. Si les Ă©lèves n’ont pas pris l’option, il faudra se dĂ©brouiller pour Ă©tudier au moins partiellement la langue en spĂ©cialitĂ©… Quant Ă  la dimension historique et culturelle, si elle caractĂ©rise la spĂ©cialitĂ©; elle est depuis longtemps prĂ©sente au sein de l’enseignement optionnel.

bâtiment romain antique inscription en latin

L’option latin ou grec, ou « langues et cultures de l’Antiquité » ?

Le ministre l’a très tĂ´t promis : les langues anciennes sont les seules options qui, quoique maintenant Ă©valuĂ©es en contrĂ´le continu, continueront Ă  rapporter des points de bonus au bac – coefficient 3, qui plus est. En outre, elles pourront ĂŞtre conservĂ©es en plus de l’option unique Ă  laquelle les Ă©lèves ont maintenant droit. Les Ă©lèves qui visent une mention sont donc clairement incitĂ©s Ă  ne pas faire l’impasse sur les langues anciennes.

Le programme de l’option latin ou grec au lycée a, comme le reste, changé. S’il s’agit toujours d’étudier la langue, la littérature et la culture antique, le programme de l’option entre maintenant en résonance avec la spécialité qu’il complète…

La spécialité,un complément de l’option ?

Au vrai, la complĂ©mentaritĂ© entre spĂ©cialitĂ© et option est telle que les programmes de l’une et de l’autre sont en bonne partie des copier-coller.  Listons les grandes lignes de ces doubles directives :

  • L’enseignement de la langue latine ou de la langue grecque pourra se dĂ©ployer indiffĂ©remment dans les deux cadres, mais certains (rares) points spĂ©cifiques ne relèveront que de la spĂ©cialitĂ©.
  • Les Ă©lèves mèneront une rĂ©flexion comparĂ©e sur des notions centrales aux deux cultures – phusis et natura, eros et amor. Cette pratique de l’Ă©tymologie articule clairement la spĂ©cialitĂ© avec l’enseignement du français avec celui des humanitĂ©s et de la philosophie.
  • La traduction demeure essentielle ; elle se pratique corrĂ©lativement Ă  un apprentissage qui replace les textes en contexte.
  • La lecture d’œuvres antiques, centrale elle aussi en première et en terminale, se fonde sur des Ă©ditions bilingues.
  • Les objets d’étude sont communs Ă  la spĂ©cialitĂ© et Ă  l’option : on invitera les Ă©lèves Ă  se pencher sur l’humain, sur la citĂ©, sur les dieux, sur le masculin et le fĂ©minin, et enfin sur le bassin mĂ©diterranĂ©en. L’approche des civilisations antiques sera forcĂ©ment non seulement littĂ©raire mais philosophique, historique, voire juridique.
  • Le grec n’est pas le latin, ni le latin le grec : le ministère de l’Education Nationale a prĂ©vu une certaine latitude dans les enseignements. Il est bien sĂ»r essentiel de ne pas forcer une langue Ă  dire ce qu’elle ne dit pas, ni une culture Ă  ĂŞtre ce qu’elle n’est pas…
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LittĂ©rature et langues et cultures de l’AntiquitĂ© : quels modes d’Ă©valuation ?

Les Ă©lèves seront invitĂ©s Ă  constituer un portfolio prĂ©sentant en diptyque deux textes – l’un antique et l’autre non – ou deux Ĺ“uvres iconographiques. Ce portfolio sera Ă©valuĂ© pour le bac, mais pas seulement. En effet, des Ă©preuves Ă©crites plus traditionnelles (texte et questions) sont prĂ©vues, soit en première soit en terminale, puisque la rĂ©forme du baccalaurĂ©at requiert que les Ă©lèves abandonnent l’une de leurs spĂ©cialitĂ©s (mais pas forcĂ©ment l’option) au bout d’un an.

SpĂ©cialitĂ©, option : qu’en penser ?

Une chose est certaine : ce double programme vise Ă  rĂ©habiliter une culture classique aussi essentielle qu’oubliĂ©e. La littĂ©rature et les arts d’Europe se sont construits Ă  partir d’elle. Il serait donc temps de rĂ©aliser que la connaissance de la culture europĂ©enne ne peut s’affermir qu’au prix de l’étude de l’AntiquitĂ©. Si les langues mortes ne se parlent plus, elles sont Ă  bien des Ă©gards toujours vivantes…

Indéniablement, les lettres classiques ont leur place au lycée ! Reste à savoir si l’arsenal incitatif (les points en plus au bac, l’insistance du ministère sur la nécessité de réserver à l’option des horaires pratiques…) suffira à orienter les élèves vers cette spécialité/option à 4+3 puis 6+3 heures. L’horaire seul la destine à des élèves sérieux, motivés par un parcours d’excellence… Ce qui est d’ailleurs en parfaite cohérence avec son programme, ambitieux et passionnant.

Reste Ă  savoir si les lycĂ©es joueront le jeu, et proposeront aux lycĂ©ens de voie gĂ©nĂ©rale un enseignement du latin et du grec pratique, les enseignements optionnels Ă©tant souvent les parents pauvres de l’emploi du temps…


Étape 1 sur 2

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