Le texte argumentatif, un objet littéraire ?
Le cours de français ne sert pas qu’à avoir une bonne note au bac ! Bien sûr, le repérage d’un oxymore ou de rimes féminines risque d’être de peu d’usage une fois abandonnées les études, et même dès que passé le bac de français… En revanche, tout ce qui touche à l’argumentation est en prise sur le quotidien. On argumente tous les jours, on démonte les arguments d’autrui aussi !
Néanmoins, le texte argumentatif déconcerte. Un récit argumentatif, fable ou conte, passe encore ! C’est de l’argumentation indirecte, on peut utiliser tout ce qu’on a appris sur le récit. Mais une démonstration explicite, assumée comme telle ? Qu’en dire, littérairement ? Hormis en résumer la démarche, le paraphraser, le mettre en doute peut-être ? Certes, on repère parfois le paradoxe, la contradiction, le sophisme… pour autant que la démonstration soit pipée, le propos fallacieux ! Faute de pouvoir repérer les types de raisonnement, néanmoins, l’analyse sera nécessairement sommaire.
Un outil essentiel : les types de raisonnement
Pour commenter un énoncé argumentatif, repérer les connecteurs logiques, comme beaucoup d’élèves le font, ne suffit pas. Il faut pouvoir identifier les types de raisonnement. En effet, qualifier une démonstration de rationnelle, de logique ou de fausse est insuffisant ! La disséquer pour en souligner les subtilités ou les failles, analyser une stratégie rhétorique, est au contraire passionnant. Pour ce faire, il faut savoir, non seulement ce qu’est une démonstration ou une réfutation… Mais aussi avec quoi on les construit : des raisonnements.
Raisonnement inductif ou déductif ?
L’induction part du ou des exemples et en tire une loi générale, tandis que la déduction applique une loi générale préétablie à des cas particuliers. La démarche inductive est typique des sciences expérimentales, la démarche déductive est plus employée en mathématiques… en réalité, notre esprit utilise les deux tout le temps : des exemples nous tirons des règles générales, que nous appliquons à d’autres exemples. L’induction comme la déduction sont solides. La première cependant trouve ses limites dans une généralisation hâtive, la seconde dans la fausseté du principe de départ, ou dans une mauvaise évaluation du cas particulier.
Le syllogisme
Il existe, en outre, un type de déduction particulier, rendu célèbre par les philosophes grecs… et par Ionesco : le syllogisme. D’origine philosophique, la démarche syllogistique est solide, en dépit des rieurs. Voici l’exemple canonique : « Les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel » ; et sa perversion comique par le dramaturge : « Tous les chats sont mortels. Or Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. »
Le syllogisme faux de Ionesco est un bel exemple de déduction erronée : disposant d’une règle relative aux chats, on ne peut rien conclure sur Socrate… (Un peu de mathématiques peut ici aider à expliquer qu’une relation d’implication diffère d’une relation d’équivalence !)
Le raisonnement par analogie : « C’est comme… »
On n’est pas forcé, cependant, de toujours passer par des principes généraux pour raisonner… Comparer l’inconnu au connu, le douteux au certain, pour en tirer des conclusions est tentant. Le raisonnement par analogie est donc un type de raisonnement fréquent. C’est aussi un raisonnement fragile : « Comparaison n’est pas raison ! » Le paralogisme, raisonnement faux de bonne foi, est à craindre. A titre d’illustration, on peut penser au travers fréquent qui consiste à assimiler au nazisme toute discrimination.
Le raisonnement concessif : « Oui, mais… »
Parmi les types de raisonnements que les élèves identifient le moins bien, on trouve le raisonnement concessif. On admet d’abord, ou feint d’admettre, la thèse de l’adversaire, ou l’un de ses arguments. Néanmoins, c’est pour mieux vaincre… Exemple : « Vous avez les meilleurs arguments du monde, mais vous ne me convainquez pas ! »
Le raisonnement par l’absurde
Attention, le raisonnement par l’absurde N’EST PAS un raisonnement absurde, bien au contraire ! Il ne recèle, malgré son nom, aucune absurdité. Il est utilisé pour invalider une hypothèse. On la suppose vraie, on en tire des conséquences, lesquelles s’avèrent non conformes à la réalité.
Conclusion : l’hypothèse est fausse. Un petit exemple permettra sans doute d’être plus compréhensible… « Si tu avais lu ce livre, tu pourrais me raconter l’histoire, or tu n’as pas la moindre idée de ce qu’il raconte, tu ne l’as donc pas lu ! »
Pour conclure, il existe bien des façons d’argumenter – bien des types de raisonnement différents, qui tous permettent de défendre et d’affermir une thèse. Ce sont des outils logiques, efficaces, mais leur emploi ne garantit pas la pertinence des conclusions.
Après les avoir identifiés, il est cependant souvent plus facile, le cas échéant, de trouver la faille, et d’en rendre compte ! Voire de le réfuter… Il est aussi beaucoup plus facile d’opposer les procédés destinés à convaincre – les raisonnements – de ceux dont l’objectif est de persuader.
Les commentaires sur "Les différents types de raisonnement : le texte argumentatif"
Merci beaucoup pour votre réponse
Merci beaucoup pour votre reponse
Pas trop clair
Cher Monsieur,
Je suis désolée que cet article ne vous semble pas clair. Pourriez-vous préciser ce qui vous a conduit à émettre cette critique ?
c’est très clair
Merci beaucoup pour votre aide
It’s very simple
Merci pour vraiment pour votre réponse.